Un nouveau projet d’agrivoltaïsme se dessine à Flavancourt dans l’Oise « On a déjà réalisé toutes les études, on s’apprête à déposer le permis de construire au mois de septembre » déclare Pascal Vanheste, un agriculteur de 63 ans au journal Le Parisien. Un évènement inédit, car normalement réservé au sud de la France, c’est la première fois que des panneaux solaires seront installés dans des champs aussi au nord. Ces projets d’agrivoltaïsme sont en pleine expansion mais alors quels sont leurs avantages et leurs inconvénients ?

Qu’est-ce que l’agrivoltaïsme ?
L’agrivoltaïsme est une pratique innovante qui combine la production agricole avec la génération d’électricité verte. Encadré par la loi française sur l’agrivoltaïsme, ce système repose sur l’installation de panneaux solaires au sein des exploitations agricoles. Selon la loi d’accélération des énergies renouvelables, les solutions agrivoltaïques doivent à la fois soutenir ou développer une activité agricole et assurer une production agricole significative ainsi qu’un revenu durable pour les agriculteurs.
L’agrivoltaïsme offre plusieurs avantages : il aide les agriculteurs à s’adapter au changement climatique, fournit un complément de revenu, améliore le bien-être des animaux d’élevage, et réduit les risques liés aux aléas climatiques tout en optimisant les rendements agricoles. De plus, cette approche contribue à la transition énergétique de la France et vise à rétablir la souveraineté énergétique du pays sans compromettre la souveraineté alimentaire.
L’agrivoltaïsme impact-il les récoltes?
L’installation de systèmes agrivoltaïques modifie les conditions environnementales sous les panneaux solaires, notamment en réduisant le rayonnement solaire, en influençant la température et l’humidité du sol. Cette diminution du rayonnement solaire reçu est le principal facteur qui affecte les performances des cultures agricoles, avec une baisse moyenne d’environ 30 % sous les installations agrivoltaïques.
Les effets sur les récoltes varient selon les cultures. Certaines cultures, telles que les céréales, ont tendance à voir leur rendement diminuer sous les centrales agrivoltaïques. En revanche, d’autres cultures, comme les légumineuses et les framboises, bénéficient de meilleures conditions de croissance grâce à l’ombrage fourni par les panneaux solaires.
Globalement, on observe que les cultures annuelles qui nécessitent une exposition importante au soleil, telles que les céréales, présentent des rendements altérés sous les installations agrivoltaïques. Cependant, elles peuvent bénéficier d’une croissance favorisée pendant les périodes de forte chaleur, grâce à la réduction de l’exposition directe au soleil.
L’agrivolataisme a-t-il un impact sur la biodiversité?
En introduisant des panneaux solaires dans les champs, on modifie sensiblement les propriétés du sol, influençant ainsi la biodiversité locale. Ces changements ne sont pas nécessairement négatifs, mais ils requièrent une attention particulière. La réduction du rayonnement solaire, par exemple, peut créer des conditions favorables pour certaines espèces tout en défavorisant d’autres.
La mise en place de centrales agrivoltaïques peut effectivement transformer l’écosystème de la parcelle agricole, tant à court qu’à long terme. C’est pourquoi la réalisation d’études d’impact environnemental est indispensable. Ces études permettent de comprendre et de gérer les effets sur la biodiversité, assurant un équilibre entre la conservation des écosystèmes et l’extension des infrastructures agrivoltaïques.
L’artificialisation des sols par ces installations est un enjeu majeur. Si elle n’est pas contrôlée, elle pourrait altérer durablement les fonctions écologiques du sol. Cependant, la législation française tente de concilier les besoins énergétiques et environnementaux. Les exploitations agricoles impliquées dans l’agrivoltaïsme ne sont pas comptabilisées dans la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers, à condition que les installations n’affectent pas durablement les fonctions écologiques du sol.
Des techniques spécifiques d’installation et de démantèlement sont utilisées pour éviter de modifier de manière irréversible la vocation initiale du terrain. Cela permet de préserver les fonctions du sol et de maintenir un équilibre entre les activités agricoles et la production d’énergie renouvelable.
L’agrivoltaïsme est il un projet durable?
L’agrivoltaïsme, bien que prometteur, doit être soigneusement encadré pour s’affirmer comme une solution efficace et durable. En intégrant la production d’électricité verte aux activités agricoles, il peut offrir de nombreux avantages, mais il présente également des défis.
Il est crucial de noter que la priorité du photovoltaïsme doit rester la valorisation des friches et des zones d’activités économiques déjà artificialisées. L’agrivoltaïsme ne doit pas se faire au détriment des terres agricoles productives, dont la vocation première est de produire des aliments. Les biocarburants, par exemple, consomment déjà plus d’un million d’hectares en France, et bien que ces cultures soient destinées à des usages différents, elles démontrent la compétition pour l’utilisation des terres agricoles.
Pour structurer efficacement la filière agrivoltaïque, il est essentiel de garantir le maintien de la vocation agricole. Des initiatives telles que le label “Projet agrivoltaïque” de l’Afnor et le guide pour l’agrivoltaïsme appliqué à l’élevage des ruminants par l’Idele jouent un rôle crucial en établissant des standards et des meilleures pratiques. De plus, la collaboration entre énergéticiens, conseillers, agriculteurs et habitants est indispensable pour développer des solutions adaptées et respectueuses des écosystèmes locaux.
L’agrivoltaïsme peut également répondre aux besoins énergétiques des zones rurales tout en soutenant la transition énergétique de la France. En offrant un complément de revenu aux agriculteurs, il contribue à la viabilité économique des exploitations agricoles et renforce leur résilience face aux aléas climatiques.
L’agrivoltaïsme a donc le potentiel de devenir une solution efficace et durable, à condition d’être intégré de manière réfléchie et encadrée. Il nécessite une approche équilibrée qui respecte les fonctions écologiques du sol, soutient la biodiversité, et maintient la production alimentaire. En conjuguant ces aspects, l’agrivoltaïsme peut s’inscrire dans un avenir durable et harmonieux pour les territoires ruraux.