Ce lundi 6 mai le gouvernement présente son nouveau plan Ecophyto. L’objectif est de réduire d’ici 2030 l’usage des pesticides de 50%. La grande nouveauté de ce plan est un nouvel indicateur qui pour mesurer les taux de pesticides.
Souvenez-vous le 1er février dernier, le Premier ministre, Gabriel Attal annonçait la suspension du plan Ecophyto 2030. Ce plan visait pourtant à réduire l’usage des pesticides de 50% d’ici 2030, une mesure qui pourrait pourtant réduire le taux de maladies professionnelles chez les agriculteurs. Cette annonce avait pour but d’apaiser la colère des agriculteurs, mais dès sa promulgation c’est la communauté scientifique qui tire la sonnette d’alarme. «La mise en pause du plan Ecophyto est un non-sens scientifique, un retour en arrière alarmant » alerte le chercheur au CNRS Mathieu Lihoreau à Sciences et Avenir.
Mais le plan fait pourtant son grand retour avec une nouvelle mesure : Le remplacement de son outil de mesure des pesticides. Le Nodu (nombre de doses unités), utilisé jusqu’alors, se base sur la quantité de substances vendues qui est divisée par la dose unitaire, qui est propre à cette substance active. Il permet donc « d’apprécier l’intensité d’utilisation des produits », selon le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Le nouvel outil, le HRI1 (indicateur de risque harmonisé) multiplie quant à lui les volumes des substances actives par des « coefficients de pondération » qui classent les substances actives selon leurs dangerosités. Il ne prend donc pas en compte la quantité de produit utilisée.
Cette nouvelle méthode de calcul fait débat car sur la période 2011-2024, on note déjà une diminution de 40% d’usage de pesticide si on le calcul avec le HRI1. L’ONG Génération Future dénonce cet indicateur comme « totalement trompeur ». Ils pointent du doigt qu’entre 2011 et 2021 le HRI1 affiche une baisse de 32% d’utilisation des pesticides, alors que pour le même période, le Nodu affiche une hausse de 3%.
Ce tableau de l’AFP montre l’utilisation des pesticides en France avec les deux méthodes de calcul :
Le gouvernement justifie cette nouvelle mesure par la « cohérence » européenne, car le HRI1 est un indicateur européen.
La ministre déléguée à l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher confirme, dans une interview accordée à la Tribune Dimanche, avoir « demandé à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) de travailler avec ses homologues européens pour faire des propositions afin d’améliorer le HRI1». Elle a ajouté qu’un bilan sera rendu « d’ici la fin de l’année ».